Le Sentier des Justes en Christ

Le Sentier des Justes en Christ

Chapitre quatre 2.6

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 L'officier l’évalue sans façon en s'attardant sur son menton qui tremble pitoyablement et ajoute :

- Et vous, vous croyez que vous ne me dégoûtez pas ? Comment appelez-vous ce que vous venez de faire ?

- Vous m'y avez poussé, vous l'avez mérité !

- Ah oui, je l’ai mérité et pas vous hein ?

- Vous êtes le pire des hommes que j’ai eu à croiser dans ma courte existence !

Agacé par son insolence, il reprend sarcastique :

- À la place de vos hommes, je n'aurais pas manqué une seule occasion de vous corriger ! Je suis certain qu'ils ne vous ont pas rendu service en l'évitant ! Cela dit, j'ignore pourquoi nous sommes ici sans mon employeur, mais je considérerai cette scène de poulaillers comme un orage en plein été, une parenthèse en somme, ou pire encore, un gentil cauchemar avec une sorcière en haillon descendue tout droit du dix-septième siècle...

 

         Elle le jauge de son regard acier et en dépit du chagrin qu’elle ressent, elle dit froidement en tentant d’empêcher ses yeux de libérer le trop plein d’eau salée :

- Le roi David, Du Guesclin, Guillaume le Conquérant et Henry IV étaient tous aussi roux que moi, c’étaient des sorciers eux aussi ? Non, des combattants qui ont gagné et ont été parfois sacrés rois… et l’un d’eux a même accédé à une tombe royale, alors qu’il n’y avait pas droit…

 

         Sur ce, la casquette de l’officier s’échappe du dessous de son bras gauche qu'il ramasse aussitôt de la main droite pour la replacer de nouveau sous son bras gauche sans bouger celui-ci. Cette séquence rapide n'échappe pas à Soraya qui réalise le handicap de l'individu.

Ne pouvant se défiler devant l'évidence malheureuse, ce dernier se sent obligé de s'expliquer. Imperturbable et regardant droit devant lui, il dit glacial en contractant sa mâchoire :

- Un accident sur le navire m'a privé de ma main et de mon bras gauches...

 

         Confuse, Soraya voudrait s'excuser, mais n'y parvient pas à cause de la façon dont il l’a maltraitée. De son côté, l'officier sauvage trouve le courage de porter dignement la main droite à la tempe et dit impassible :

- Un imprévu a dû imposer l'absence de Monsieur Deveniez... il faut que je parte. Mademoiselle, Madame ?

 

         Droit et digne, il sort du bureau en marchant d'un pas léger. Soraya regarde l'ascenseur l'emporter en se demandant ce qui a pu faire qu'une rencontre aussi anodine ait pu déraper sur un dialogue aussi accablant. Sans doute que Dimitri a raison. Elle a été trop gâtée.

Tristement, elle attrape son sac qu'elle avait laissé tomber sur la chaise près de l'entrée par l'altercation et sort du bureau en constatant :

- Cela aurait pu arriver à n'importe qui, mais non, c'est à moi que ça arrive ! Et zut…

 

          Avant de s'engouffrer, elle aussi, dans l'ascenseur, elle entend crier :

- Sorie ! Sorie, excuse-moi, je suis vraiment désolé de ce retard...

Elle l'interrompt encore sous l'effet de la bombe :

- Ce n'est rien oncle Deveniez ! Je me suis fort bien amusée, de plus elle était gratuite… je veux évidemment parler de la baffe que je viens de recevoir par un de tes officiers qui se dit être le meilleur ! C'est un malade, oui ! Il faut l'aider à se soigner ! Je suis étonnée de ton choix, tu as dû être fatigué le jour où tu l'as embauché. Si seulement tu savais la façon dont il m'a traitée !

- Je sais, je sais...

Incrédule, elle réplique folle de rage :

- Attends, tu sais quoi puisque tu n’étais pas là ?

- J’étais presque là…

- Tu ne vas pas t’y mettre aussi ? C’est quoi  ce charabia ? Tu n’étais pas là, puisque j’ai été livrée à ce fou…

Elle suspend sa phrase avant de poursuivre amère et d’un rire cinglant :

- Ah oui, tu étais sous le bureau, c’est bien ça Deveniez S.A ?

Confus, Michel Deveniez avoue :

- Je sais vraiment et je n’étais pas sous le bureau…

- Tu es alors devin maintenant ? Comment peux-tu savoir puisque tu as brillé par ton absence ?

Peu fier de lui, il confesse :

- C'était ton test...

- Mon test, oncle Michel, tu es ignoble ! Je comprends de qui il prend exemple ton officier à la gomme !

 

         Des larmes jaillissent de ses yeux, elle se sent trahie. Furieuse, elle ajoute :

- C'est dingue ! Dingue… au bout de vingt-deux ans, je m'aperçois que tu es un étranger… ton comportement me dégoûte, tiens ! Au fait, oublie le restaurant et tout ce que je t’ai dit, c’était du pipeau ! Tu entends ? Rien que du pipeau !

- Je suis désolé de ce que tu as encouru mon petit cœur…

- Ton petit cœur ? Ça me fait rire ! En plus  d’être un très bon PDG, tu as aussi un excellent acteur, bravo !

- Sorie, je t'en prie, écoute-moi !

Elle secoue la tête, en laissant libre cours à ses sanglots tout en continuant de rager.

- Non, c’est toi qui vas m’écouter… et dire que je te croyais être l'un des meilleurs hommes de la planète… la planète des singe, oui ! Tu es le plus odieux des mimes au monde !

 

         Elle lâche un rire bruyant et s'arrête soudain devant le hublot qui se trouve derrière le siège de Laurence Guennac. Elle regarde la mer pour tenter de s'apaiser, quand elle entend son oncle lui dire penaud :

- Ce n'est pas moi qui ai préparé l'épreuve. Je n’aurai jamais osé faire une chose pareille.

Soraya le coupe choquée en se retournant :

- Ce n’est pas toi ?? Ben chapeau alors ! Et si ce n'est pas toi, qui est l’auteur gentil d'une pareille humiliation ?

- Laurence Guennac !

- Pardon ?

- Tu as bien entendu, Sorie ! C'était ma secrétaire !

- C'est ta faute quand même ! Tu ne cesses de dire que tu restes toujours le patron envers et contre tout !

- Exact, mais puisque c'était toi, je ne voulais rien savoir pour ne pas tricher. Je lui ai fait confiance et j'ai eu tort. J'étais loin d'imaginer ce gâchis ! Je pense qu'elle ne t'a pas pardonné toutes les fois où tu l'as fait sortir de ses gonds, alors elle a voulu marquer un gros coup. Mais, malheureusement pour elle, elle a oublié que c'est toujours moi le patron.

- Ben, tu vois, au moins d'une certaine façon, je l'ai mérité. Comme quoi, le mal que nous semons nous rattrape toujours.  La preuve !

  

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19/03/2013
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