Le Sentier des Justes en Christ

Le Sentier des Justes en Christ

Chapitre quatre 3.6

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 Lasse, Soraya s'appuie sur le bureau de Laurence, prend machinalement un crayon, le tournoie quelques secondes entre ses doigts et dit sans lever la tête : 

- La clef était les caméras, n'est-ce pas ? 

- Oui ! Je ne savais que ça ! 

- Pourquoi n'es-tu pas intervenu quand ça dégénérait alors... 

- Parce que cet agent est très spécial pour moi… si jamais il apprend qu’il a été instrumentalisé, je vais le payer très cher. Il démissionnerait sur le champs et je ne le supporterai pas. Mais je pense qu'il vaut mieux que nous allions dans mon bureau, Zacharias ! 

- Ho là. Le Zacharias signifie mon embauche ou que tu vas me parler très sérieusement ? 

- Oui, pour les deux raisons, mais entre, veux-tu ? Je dois te parler au sujet de mon officier… 

Il s'efface pour la laisser entrer. Michel Deveniez s'empare du téléphone et appelle Laurence Guennac qui se trouve toujours dans la salle de conférences : 

- Regagnez votre bureau en attendant que  je m'occupe de vous... 

- Bien ! dit l'oncle en se dirigeant vers le bar, veux-tu une boisson ? 

- Non allons droit au but, oncle Michel. Je suis comme toi, je n’aime pas les méandres ! 

- Dans ce cas, entrons dans le vif du sujet ! 

 

         Il invite Soraya à le rejoindre sur le sofa et lui demande gravement : 

- Peux-tu garder un secret ? 

- Ne m'as-tu pas fait entrer ici pour me dire pourquoi tu m’as laissée avec cet énergumène ? 

- Si, mais avant je dois te parler et tu dois me promettre le silence. 

- Mais ça rime à quoi ? On dirait un secret militaire ! 

- C'est très sérieux Sorie ! J'ai besoin de ta promesse, car je vais trahir l'énergumène, comme tu l'appelles. 

- Oncle Michel, je n'aimerais pas être trahie, alors ne trompe pas la confiance qu'il a en toi et oublions ce qui est arrivé. De toutes façon, je l’ai mérité, c’est un juste retour des choses. Dis-moi plutôt en quoi ai-je réussi ton test à la gomme, puisque tu m'as appelée Zacharias ! 

- Je t'ai bien notée, car en dépit de toute ta colère, tu as eu la force de ne pas décliner ton identité. Tu es de mon tempérament et la situation fâcheuse l'a démontré. Maintenant en ce qui concerne mon agent, je voudrais te révéler certains points à son propos pour que tu puisses excuser son comportement... ou tout au moins ne pas le juger si sévèrement. 

- Alors là, aucune chance ! Je ne lui pardonnerai jamais ! Tu ne veux pas en plus que je lui cire ses bottes, non plus ? 

- Sorie, Sorie, Sorie ! Je suis sûr qu'après ce que tu vas entendre, tu le verras sous un autre jour. Je le sais, car je vous connais tous les deux. Mais si un jour ta jolie petite bouche divulguait ce que je vais te révéler, tu ne devras plus jamais me considérer comme ton oncle... 

- Tu te rends compte ? On croirait que tu vas me confier un secret royal ! 

- C'en est un au vu de mon entreprise. Si je le fais, c'est parce que tu es ma nièce. Si c'était une autre personne, ma réaction aurait été différente. Mais tu as été la victime de cette mascarade... 

- Je ne veux pas être mêlée de prés ou de loin à cet homme, oncle Michel, il ne m'intéresse pas ! 

- Tu n'imagines pas ce que tu vas entendre… promets-moi ! 

- Bon allez, je promets ! 

- L'agent 508 travaille pour moi depuis six ans. En fait, à la suite d'un grave accident qu'il a eu sur la base où il officiait... 

- Tout cela je sais, il me l'a dit. 

 

         Son insolence agace le patron, mais il ignore son jeu en commençant son récit : 

- Personne ne sait ce qui lui est vraiment arrivé, mais un matin, il a été retrouvé inanimé sur le pont à proximité de sa cabine. On ignore encore aujourd'hui, s'il a trébuché en voulant y entrer ou s'il a eu un accident. De cette effroyable chute, il a récupéré un poignet broyé qui lui a coûté sa fonction. Il venait d'accéder à son plus grand rêve : être Commandant pour épouser le seul but de sa vie ; diriger un navire armé pour subvenir aux besoins des pays sous-développés à travers son travail, c’était tout ce qu’il voulait… mais tout s'est arrêté du jour au lendemain. Pour lui, c'était la fin de toute sa vie. Sa carrière était tout son univers. Après la longue intervention chirurgicale qui s'est révélée difficile et le rétablissement qui a duré une éternité, il a été invité à se mettre au vert si l'on peut s'exprimer ainsi. Il a eu la malchance d'avoir été trouvé avec une alcoolémie élevée et à cause de cela, il a été accusé de toutes sortes de monstruosités dont la pire ; celle d'avoir été la honte de la Marine. Ceux qui le connaissent n'ont jamais cru à cette hypothèse, car il était réputé pour son intégrité sans failles. Beaucoup étaient jaloux de lui et bon nombre se moquaient de lui à cause de sa façon d’idéaliser le mariage. Si tu savais combien les femmes l’ont blessé. Il voulait construire son mariage sur le modèle de ses parents, mais il a été ridiculisé et pris pour un arriéré invétéré. Les filles l’ont souvent moqué lorsqu'il voulait les protéger en leur parlant de l'autorité protectrice du mari dans la maison. Quant aux copains, n'en parlons pas ! Ils l'ont souvent invité à retourner dans l'autre siècle pour trouver l'épouse gentille qui voudrait bien se soumettre à lui et attendre son retour le soir. Beaucoup ont pensé qu'il brodait ainsi pour mieux dominer celle qui deviendrait sa femme. En vérité, il désirait juste qu'elle soit heureuse comme sa mère l'est depuis trente-huit ans avec son père. Quand j'ai rencontré sa maman, j'ai compris pourquoi il voulait copier ses parents. En fait, Pierre et Rose qui sont serviteurs de Dieu vivent leur foi et leur couple d'une telle façon qu'on a envie de croire au Dieu qu'ils aiment et servent. Durant toute sa vie, l'agent 508 a entendu son père lui répéter des centaines de fois : 

- « Si tu veux que ta femme t'admire, admire-la d'abord ! Ensuite, n'oublie jamais que ce qui est insignifiant pour toi, l'est souvent infiniment pour elle. Élève-la toujours en public et démontre-lui sa valeur devant les autres et tu seras toujours le premier en tout dans sa vie». 

 

         Son oncle s'arrête un court instant pour trouver la manière dont il va aborder l'autre phase de l'énorme confidence. Soraya ne dit rien et regarde Deveniez retirer ses fines lunettes rondes pour se frotter les yeux. La jeune fille sait que ce geste trahit souvent l'émotion qui l'étreint. 

 

- Après la guérison complète de sa main, continue-t-il, mon agent a commencé à réagir, mais pas dans le bon sens ! N'ayant plus ce but missionnaire qui était sa raison de vivre, il a commencé à boire jusqu'à devenir la risée de tous. Il déambulait toujours sur le port en vieux polo et pantalon marin confirmant ainsi ce dont il avait été accusé. Il ne se changeait plus et se rasait rarement. Ses cheveux qui devenaient de plus en plus longs et de plus en plus gras le rendaient très  repoussant.  Bien qu'il vivait, son intérieur se mourrait. C'est à ce moment-là que je l'ai rencontré. J'ai entendu parler de lui, mais je ne le connaissais pas. Un matin de mai, alors que j’étais dans mon bureau, quelque chose de très fort m’a rempli l’esprit, l’âme et le corps. Je n’étais plus moi-même, mais j’étais habité par une force  que je ne définis toujours pas aujourd'hui et qui m'a gouverné et poussé à prendre soin de lui. J'ai essayé de résister à cette impulsion qui me stimulait à le protéger, mais j'ai fini par ne plus en dormir. Un vendredi matin, cette même force à laquelle je ne pouvais résister m'a comme… averti à aller d'urgence le rejoindre sur le port… je ne pouvais tout simplement pas ne pas répondre  à cette force de géant qui me dépassait. 

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25/03/2013
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