Le Sentier des Justes en Christ

Le Sentier des Justes en Christ

L’Eglise au désert


 

Dans le prolongement du concile de Nicée, l’empereur Constantin et ses successeurs cherchèrent à anéantir toutes les mouvances non conformistes du christianisme. Les groupes qui refusaient de se soumettre aux enseignements et aux pratiques de l’Eglise « établie », qui s’appelait maintenant Eglise catholique (universelle) de Dieu, n’étaient plus considérés comme de simples hérétiques, mais comme des ennemis subversifs de l’Etat.

La véritable Eglise, symbolisée par une femme dans Apocalypse 12, fut forcée de s’enfuir au désert pendant 1260 « jours ». Prophétiquement, un «jour » biblique symbolise souvent une année (Nombres 14 :34 ; Ezéchiel 4 :6). Donc, la véritable Eglise devait rester cachée durant 1260 ans, à partir du concile de Nicée. C’est ce qui arriva selon l’Histoire. Une lumière scintillante continua à traverser les siècles obscurs. Sa flamme fut parfois sur le point d’être soufflée, mais elle ne s’éteignit jamais. L’érudit ou l’historien qui espère suivre l’errance de la véritable Eglise, durant cette période de 1260 ans, rencontre un certain nombre de difficultés. La raison en est que l’histoire de l’Eglise n’est pas celle d’une organisation humaine continue. L’histoire conservée de l’Eglise de Dieu, qui respectait le sabbat, fut presque totalement rédigée par ses ennemis, qui la taxaient d’hérétique. Il est fait mention de groupes appelés Pauliciens, Bogomiles et Vaudois désignés ainsi par leurs ennemis de l’extérieur. Ces groupes, dont l’importance fut variable selon les époques, semblent avoir été constitués de véritables chrétiens conformes à ceux de l’Eglise de Jérusalem du 1er siècle. Une autre difficulté réside dans le fait que les enseignements de chacun de ces groupes commencèrent à changer avec le temps, pour se rapprocher de ceux de leurs voisins catholiques et protestants.

Il y a également le fait que des écrivains firent souvent un amalgame de tous les groupes « hérétiques », y incluant la véritable Eglise, sans distinction de doctrines. Ainsi donc, la grande difficulté ne consiste pas seulement à identifier qui enseignait quoi, mais également à déterminer quand une Eglise cessait de faire partie de la véritable Eglise, et quand Dieu déplaçait cette dernière à un autre endroit.

 

L’Eglise s’enfuit au désert

 

Durant ses trois premiers siècles d’existence, l’Eglise de Dieu dut sporadiquement affronter de rudes persécutions. Néanmoins, dans ces moments-là, elle n’était pas la seule visée, car elle partageait le sort des Juifs et d’une grande panoplie de sectes qui revendiquaient leur appartenance au Christ. Ces persécutions étaient locales et temporaires. De 303 à 313 apr. J.-C., l’empereur Dioclétien déclencha la pire de ces persécutions d’avant le concile de Nicée. Il s’agit des «dix jours » mentionnés dans Apocalypse 2 :10.

Lorsque Constantin renforça son autorité sur l’Empire, les choses changèrent significativement. Gibbon nous dit que la dévotion religieuse de Constantin était « particulièrement tournée vers le soleil […] Les autels d’Apollon étaient couverts d’offrandes votives de Constantin, et l’on faisait croire à la multitude crédule que l’empereur avait contemplé la splendeur de sa divinité protectrice […] Le soleil était célébré universellement comme le guide et le protecteur invincible de Constantin » (The Triumph of Christendom, page 309).

Quatre ans avant le concile de Nicée, Constantin proclama une loi qui eut des répercutions sur le peuple de Dieu : « Pour la première fois en 321 apr. J.-C., Constantin imposa officiellement le dimanche, décrétant que tous les tribunaux, tous les habitants des villes et les ateliers devaient être au repos le dimanche [venerabili die solis, c’est-à-dire vénérable jour du soleil] […] Ce fut la première d’une longue série de dispositions impériales, dont la plupart furent incorporées au code de Justinien.»

Environ cinquante ans plus tard, l’Eglise catholique s’aligna sur cet édit impérial dans le « canon [29] du concile de Laodicée [363 apr. J.-C.], qui interdit aux chrétiens de judaïser et de se reposer le jour du sabbat, les enjoignant, en fait, à travailler durant ce jour » (Encyclopaedia Britannica, 11ème édition, à l’article “dimanche”).

Le simple fait que, dans la dernière partie du 4ème siècle, l’Eglise romaine eût jugé utile de légiférer contre l’observance du sabbat, montre que des restes fidèles, particulièrement en Asie mineure, persistaient dans la Vérité. Cette Eglise de plus en plus forte faisait pression pour que tout le monde accepte désormais la marque « christianisée » du culte romain du soleil. Ceux qui refusaient étaient facilement identifiés, et ne pouvaient plus avoir d’emploi s’ils continuaient à demeurer dans les zones urbaines de l’Empire romain.

En conséquence, au 4ème siècle, les chrétiens appelés Nazaréens disparurent des régions peuplées d’Asie mineure. Durant trois siècles, les restes de la véritable Eglise avaient séjourné en ces lieux, mais à cause de la loi de Constantin concernant le dimanche, ils furent obligés de fuir. L’historien catholique, Epiphane, décrit ces individus qui différaient à la fois des juifs et des chrétiens [catholiques] : avec les juifs, ils n’étaient pas d’accord parce qu’ils croyaient, eux, au Christ, avec les chrétiens [catholiques] parce qu’ils sont éduqués selon la loi […] Cette hérésie des Nazaréens était localisées à Bérée, dans la vallée de la Békaa [la “Coele Syria” des Romains, à mi-chemin entre Beyrouth et Damas], et dans la Décapole, dans la région de Pella […] d’où elle commença après l’exode de Jérusalem, lorsque les disciples s’y établirent » (Ray Pritz, Nazarene Jewish Christianity, page 34).

 

Les “Pauliciens” font leur apparition en Arménie

 

Au 5ème siècle, l’Eglise semble s’être déplacée dans les régions éloignées de l’est de l’Asie mineure, vers l’Euphrate, et dans les montagnes d’Arménie. Ces individus étaient appelés les « Pauliciens » par leurs contemporains.

Qui étaient-ils ?

Selon l’érudit arménien Nina Garsoian dans The Paulician Heresy : « Il semblerait que les Pauliciens eussent été la survivance du christianisme primitif en Arménie » (page 227). L’auteur déclare également que les Pauliciens étaient « accusés d’être pires que les autres sectes à cause de leur judaïsme » (page 213).

Le message du Christ à cette troisième ère de l’Eglise de Dieu (les Pauliciens) est adressé symboliquement à Pergame (Apocalypse 2 :12-17). Le mot pergame signifie « fortifié ». Or, on constate que les membres de l’Eglise de cette ère demeuraient dans des régions montagneuses reculées. Dans Apocalypse 2 :13, le Christ révéla que l’Eglise de Pergame demeurerait là où Satan avait son trône. Pergumum était un centre de l’ancienne religion à mystères babylonienne. En l’an 133 av. J.-C., Attale III, le dernier « roi-dieu » de Pergumum mourut et légua son royaume et son titre de Pontifex Maximus (qui signifie « suprême édificateur de ponts » entre l’homme et Dieu), aux Romains. Les souverains romains conservèrent le titre et le portèrent jusqu’à l’empereur Gratien, qui le céda au pape Damase en 378 apr. J.-C. Les papes catholiques ont continué à porter ce titre jusqu’à nos jours. Historiquement, le terme « trône de Satan » fait également allusion à l’ancien royaume de Nimrod qui, dans la haute antiquité, englobait l’Arménie et la région supérieure de l’Euphrate (Genèse 10). L’Eglise de Pergame – les Pauliciens – se déplaça dans cette même région après que Constantin eut imposé l’observance du dimanche à l’Empire romain.

Déjà au 5ème siècle, les Pauliciens étaient qualifiés d’hérétiques dans les documents catholiques. Cependant, le premier grand chef important de ce groupe, dont le nom fut célèbre, était Constantin de Mananali (vers 620 à 681 apr. J.-C.). Vers 654 apr. J.-C., il commença à prêcher, ce qui ranima l’Eglise. Avant son ministère, la majorité des membres de l’Eglise étaient les descendants des chrétiens qui avaient fui la Grèce et l’Asie mineure deux siècles plus tôt. Ils avaient conservé le nom de leur congrégation d’origine, en se désignant entre eux comme membres de « l’Eglise d’Ephèse », ou « l’Eglise de Macédoine », bien qu’ils fussent à des centaines de kilomètres de leur contrée d’origine.

Constantin de Mananali fut exécuté en 681 apr. J.-C. par des soldats byzantins (des Romains orientaux) commandés par un officier nommé Siméon. Siméon fut si impressionné par l’exemple et les enseignements de Constantin, qu’en 684 apr. J.-C., il revint, non plus en tant que militaire romain, mais comme converti. Siméon devint un prédicateur paulicien zélé, mais il fut martyrisé à son tour, trois ans plus tard, en 687 apr. J.-C.

En 1838, le manuscrit d’un ancien livre intitulé en français La clé de la vérité fut découverte en Arménie. Des portions de ce livre datent de 800 apr. J.-C. et nous fournissent de plus amples informations concernant les doctrines des Pauliciens. Traduit en anglais par Fred Coneybeare vers 1900, nous y apprenons que les Pauliciens s’abstenaient de faire usage de la croix dans le culte et l’art religieux, en disant qu’elle était un « accessoire blasphématoire ».

Ils condamnaient la guerre et observaient la Pâque le quatorzième jour du premier mois du calendrier sacré. Les Pauliciens rejetaient l’Eglise catholique romaine en tant que représentante de « l’Eglise de Dieu », et ils contredisaient la revendication papale « d’héritage apostolique », ainsi que d’autres prétentions du même genre. Ils considéraient que la Trinité, le purgatoire et l’intercession des saints n’étaient pas bibliques.

Dans l’introduction de sa traduction en anglais de La clé de la vérité, Coneybeare décrit, dans un contexte historique remarquable, les pratiques des premiers Pauliciens. « Nous savons également, grâce à une note d’Ananias de Shirak [un écrivain et géographe arménien du 7ème siècle] que les “Paulianis” étaient des Quartodécimaliens [en référence au quatorzième jour du premier mois de l’année], et qu’ils observaient la Pâque à la date juive, comme à l’origine. La façon de s’exprimer de Jean de Otzun laisse à croire que les anciens croyants d’Arménie du 7ème siècle étaient des Quartodécimaliens comme nous le supposions » (Coneybeare, introduction, clii). Plus loin, Dr Coneybeare déclare : « On respectait probablement le sabbat, et il n’y avait rien de particulier concernant le dimanche » (page cxiii).

Il poursuit en disant que les Pauliciens « étaient probablement les restes d’une ancienne Eglise judéo-chrétienne qui s’était dispersée dans le royaume de Siuniq et en Albanie, en passant par Edesse » (page clxii).

Cependant, à un certain moment de leur histoire, beaucoup de Pauliciens succombèrent à une erreur fatale. Ils pensèrent qu’il était possible de faire semblant de se conformer extérieurement à un certain nombre de pratiques de l’Eglise catholique pour éviter la persécution, pour autant qu’ils n’y souscrivaient pas dans leur coeur. Cette tendance au compromis conduisit beaucoup d’entre eux à faire baptiser leurs enfants, et d’autres à assister à la messe. Le Christ avait prophétisé ces choses en réprimandant l’Eglise de Pergame au sujet de ceux qui iraient vers des doctrines païennes immorales. (Apocalypse 2 :14-15). A cause de ces compromis, le Christ permit qu’une sévère persécution s’abatte sur eux. Lorsque la persécution survint, certains Pauliciens assiégés décidèrent de trouver une solution en s’alliant aux Arabes musulmans avec lesquels ils organisèrent, par la suite, de fréquentes incursions à l’intérieur de l’Empire byzantin. Tout au long de ces années, les désaccords entre Pauliciens créèrent une multitude de fractures au sein du groupe.

Avant d’atteindre l’année 800 apr. J.-C., une forte personnalité de l’Eglise, un homme du nom de Baanes, prit la direction des Pauliciens en Arménie et promulgua une doctrine de revanche militaire. Peu de temps après, un autre ministre du culte du nom de Serge devint important parmi les Pauliciens. Etant donné que Serge condamnait la guerre, contre la position prise par Baanes, il fut accusé de provoquer un schisme dans le groupe. Mais, en dépit des difficultés, le ministère de Serge dura plus de trente ans. Cependant, après sa mort, la plupart de ses disciples commencèrent à prendre part à la lutte.

 

La montée des Bogomiles

 

Au 8ème et au 9ème siècle, beaucoup de Pauliciens arméniens étaient forcés de s’installer dans les Balkans par les empereurs byzantins. Ils furent contraints de jouer le rôle de tampon contre les tribus bulgares. Une fois installés dans les Balkans, les Pauliciens commencèrent à s’appeler Bogomiles. Qu’enseignaient ces Bogomiles ? « Le baptême n’était accessible qu’aux hommes et aux femmes adultes […] les images et les croix étaient des idoles » (Encyclopaedia Britannica, 11ème édition).

Ils enseignaient également que la prière devait être pratiquée à la maison, et non dans des édifices spéciaux comme des églises. Ils disaient que la congrégation était constituée « d’élus », et que chaque individu devait tendre à la perfection du Christ. Leur ministère devait guérir les malades et chasser les démons.

Au 10ème et au 11ème siècle, beaucoup de Bogomiles se dispersèrent à l’ouest et s’établirent en Serbie. Plus tard, un grand nombre trouva refuge en Bosnie, à la fin du 12ème siècle.

Ces Bogomiles n’étaient « qu’une version d’un groupe de sectes hérétiques aux noms divers qui fleurissaient en Asie mineure et dans le sud de l’Europe, au cours du Moyen Age, les plus connues étant les Patarins, les Cathares et les Albigeois » (Encyclopaedia Britannica, 15ème édition, volume 29, page 1098). Ils furent condamnés comme hérétiques parce qu’ils croyaient que le monde était gouverné selon deux principes, l’un étant le bien, l’autre étant le mal, et que toutes les affaires humaines résultaient d’un conflit entre les deux ; tout le monde visible appartenait à Satan » « Encyclopaedia Britannica, page 1098).

De leur base des Balkans, l’influence des Bogomiles s’étendit au Piedmont, en Italie, et dans le sud de la France à travers tout un réseau d’échanges commerciaux. A l’époque supposée où les Turcs ottomans dominaient la Bosnie, la semence de la Vérité s’était étendue au Piedmont, en Provence, et dans les régions alpines de l’Europe.



10/06/2012
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